Apostat de l'Église catholique

Normalement, aujourd'hui, l'archevêque de Bourges, Armand Maillard, reçoit mon acte d'apostasie et ma demande de radiation des registres du diocèse. Ma volonté d'en finir avec l'Église catholique a surpris certains qui n'en voient pas beaucoup l'intérêt. Après tout, j'étais petit quand on m'a baptisé, je m'en rappelle plus, je ne suis pas croyant, quel est le problème ? Pourquoi ne pas utiliser le temps passé à écrire cette lettre à jouer de la guitare, écrire un programme, cuisiner quelque chose de bon ou faire du sport ?

Comme Julien, je dis non à l'Église. Source.

Mon problème, c'est que j'ai été un croyant sincère et que je me suis éloigné petit à petit de l'Église pour deux raisons : la première c'est que je n'ai plus la foi, la seconde c'est qu'en tant qu'organisme je n'aime pas l'Église catholique (pas de mariage pour les prêtres, pas de femmes prêtres, rejet de l'homosexualité, de la contraception, de l'IVG, très grande frilosité sur la recherche scientifique des cellules souches : homophobie, sexisme, patriacat, obscurantisme). La première raison ne concerne finalement que moi, la seconde est plus dure à exposer : étant en dehors de l'Église, on me signifie que je n'ai pas à emmerder les chrétiens avec leur mode de fonctionnement. D'une certaine manière je suis d'accord, comme je ne participe pas à la communauté, je ne vois pas pourquoi je devrais leur dire comment ils devraient s'organiser.
Cependant beaucoup de dignitaires de l'Église catholique, André XXIII, Benoît XVI s'invitent dans le débat public de la République française, dernièrement avec leur opposition à la loi du mariage pour tous. Beaucoup de députés sont ralliés à leur cause : on voit leur influence dans l'opposition à la loi sur le mariage pour tous, dans les lois sur l'étude des cellules souches ou la volonté d'inscrire les racines chrétiennes de l'Europe dans des documents officiels.
Si mon baptême, mon éducation chrétienne dans une école privée catho font partie de mon histoire, je rejette tout cela comme racine, comme fondamental de mon existence, de ma manière de penser une société. Si je le fais publiquement, c'est parce que j'ai auparavant manifesté publiquement ma foi, lors de la communion, j'ai aussi pu défendre ou tolérer les positions officielles de l'Église catholique. Aujourd'hui je veux dire publiquement : je rejette les positions de l'Église catholique et son influence au sein de ma vie, de la République, de l'Europe.
Je veux le dire à l'Église catholique, pour cela j'ai eu l'impression d'avoir deux choix : ou retourner en son sein et travailler de l'intérieur pour convaincre en tant que membre d'une communauté, ou prendre officiellement la porte de sortie. Retourner dedans n'a pas de sens pour moi : je n'ai pas la foi. J'espère que d'autres catholiques sincères avec des positions différentes de celles de leurs chefs actuels le feront, cela dit ce n'est pas mon problème, c'est celui des catholiques. Le seul choix qui me reste semble donc de prendre officiellement la porte de sortie et de rappeler pourquoi je pars, de dire : tant que vous garderez vos positions sur l'homosexualité, les femmes, la contraception, l'avortement, je vous combattrai, je combattrai votre influence, car je la trouve néfaste pour la société. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase et qui m'a décidé à le faire est évidemment la position tenue par l'Église sur le mariage pour tous, cependant, cette décision est aussi le fruit d'un long processus décrit plus haut.
Si jamais vous avez envie de faire pareil, je vous conseille l'excellente page des panthères roses expliquant la procédure pour l'acte d'apostasie. Un grand merci à elles et à Sam Hoor pour m'avoir indiqué ladite page.